guillaume bonnel photographie

OBSERVATOIRE PHOTOGRAPHIQUE DES PAYSAGES DU PNR DE LA MONTAGNE DE REIMS

Photographies argentiques (2012), photographies numériques (2021). Commande pour le Parc naturel régional de la montagne de Reims, mise en place d’un itinéraire de 50 images en 2012, reconduction des images et création de 10 nouveaux points de vue en 2021.  Voir la page du site du PNR de la Montagne de Reims consacrée à l’Observatoire photographique du paysage.

Extrait du rapport de présentation du carnet de route en 2012  : Les images de l’observatoire livrent une vision cohérente du paysage du parc en traduisant certains traits qui ont marqué le photographe et dont il s’est fait le libre interprète. Ces paysages sont d’abord marqués par l’amplitude de leurs courbes, douces et régulières. Les plateaux boisés alternent avec de larges vallées, les coteaux se couvrant de vignes ou de champs. Les lumières y sont très franches, et les fins de journées de printemps sont souvent magnifiques et vibrantes. La blancheur des sols calcaires s’ajoute à la luminosité des ciels voilés, et les journées de grisaille sont très lumineuses. L’alternance de la vigne, produisant un système paysager très ordonné sur les coteaux, et des forêts sommitales, apparaît comme la caractéristique essentielle de ces paysages : ouverts et transparents sur les versants, fermés et opaques dans les forêts. La traversée du territoire en vélo ménage des effets de dévoilement successifs, puisqu’en quittant une route forestière ombragée on plonge très souvent sans transition sur un coteau ouvert planté de vigne avec des villages installés à mi-pente. L’arrivée sur Epernay en venant de la RD 951, ou la descente sur Nogent par la D22 sont caractéristiques à cet égard. Une autre dimension visuelle évidente de ces paysages est l’aspect fortement groupé de l’habitat. Les villages paraissant quasi exempts de mitage, ce qui semble assez exceptionnel compte tenu de la proximité de Reims, de l’arrivée de la LGV, et de la pression foncière qui s’exerce aux alentours. Cet état de fait contribue à renforcer encore l’aspect très graphique et «tenu» de ces paysages. Enfin, et cette caractéristique est essentielle, ces paysages sont très humains et très habités. Le travail de la vigne se faisant pour l’essentiel à la main, celle-ci fourmille d’activité et d’animation.

Extrait du rapport de reconduction de 2021 : Les images présentées ci-après ne montrent rien de spectaculaire en terme de mutations. Et c’est plutôt un constat général de stabilité qui doit prévaloir au terme de leur analyse. Certes, les paysages ont changé, mais de manière assez douce et naturelle. Rien de brutal dans les évolutions perceptibles qui opèrent par petites touches, de manière incrémentale.
L’examen de ce que ces images ont à dire invite donc à une lecture très attentive, qui doit s’attacher aux nombreux détails qu’elles
recèlent. Les points de vue représentant souvent des grands paysages assez ouverts, l’exploration minutieuse des diverses zones des images est une des clés pour y faire des constats.
On y découvre ainsi qu’un arbre a été abattu ici alors qu’ailleurs un autre a doublé de volume, qu’une maison de champagne a été
complètement rénovée sur son emprise existante, qu’un bâtiment agricole s’est couvert de panneaux solaires, ou qu’une ripisylve s’est consolidée au point que la rivière qu’elle borde est devenue quasiment invisible…
Mais dans l’ensemble, les paysages de la viticulture demeurent en effet assez stables, du fait notamment de la valeur des terres qui
conduit à une certaine pérennité des usages agricoles, là où d’autres territoires peuvent connaître un phénomène de
déprise, ou des transferts d’usages vers l’habitat et d’autres activités consommatrices d’espace.
Mais cette stabilité n’est pas synonyme d’immobilisme. Les paysages viticoles montrent une campagne très vivante, impression encore renforcée par le fait que les reconductions ont été réalisées pendant la période des vendanges.
C’est donc un climat de «ruche» qui a marqué les reconductions, accompagné de son cortège de signes caractéristiques bien connus des habitants : présence humaine dans les vignes, routes collantes, ballet des camionnettes blanches et des camions citernes, embouteillages et animation dans les villages… 

Mais ce sont aussi d’autres phénomènes ayant trait aux mutations de l’organisation des vendanges qui sont perceptibles : recours à des sociétés de prestations, autobus transportant les saisonniers perdus dans les chemins de vignes, campings sauvages installés spontanément sur des terrains vacants…

G. Bonnel