OBSERVATOIRE PHOTOGRAPHIQUE DES PAYSAGES DE LA CITÉ DE CARCASSONNE
Commande pour le Syndicat de gestion du grand site de la Cité de Carcassonne, commande de 100 images, 2024-2025
[ Extrait du « diagnostic sensible » accompagnant le corpus photographique de l’observatoire] : Le territoire couvert par l’observatoire comprend la Cité en elle même, mais également ses abords immédiats, le Site classé et le Site inscrit, la Bastide, et le Canal du Midi. Les 100 images sont réparties à peu près équitablement dans l’ensemble de ces zones. L’observatoire ne constitue donc pas une monographie centrée exclusivement sur le monument que constitue la Cité, mais davantage une vision de son inscription dans un contexte paysager bien plus large.
Les points de vue tentent de montrer comment la Cité de Carcassonne dialogue avec son environnement paysager, qu’il soit urbain, agricole ou naturel. Ils ne cherchent pas à isoler la Cité de son contexte, mais au contraire à révéler les points de contacts qu’elle développe avec les espaces environnants. Ces points de contacts sont parfois liés au fonctionnement spécifique du site (parkings, voies de circulation capables d’accueillir des autobus et le trafic intense généré par les deux millions de visiteurs annuels…), et aux politiques de canalisation des flux de visiteurs (circuits de visites, signalétique, visites guidées…). Mais ils sont surtout suscités par les pratiques et l’inventivité des usagers, habitants et visiteurs.
Ces deux visions du site traversent toutes des images de l’observatoire, qui montrent comment concilier deux aspects antinomiques. D’un côté le fonctionnement d’un « hyper lieu » (Michel Lussault) où les visiteurs viennent du Monde entier pour passer quelques jours, et ont besoin d’infrastructures à même de répondre à leurs besoins. De l’autre les usages quotidiens des habitants qui vivent sur place toute l’année, et ont besoin d’y vivre, d’y travailler, comme dans une ville qui ne serait pas traversée en continu par 2 millions de visiteurs par an.
Les images montrent que le site est enchâssé dans un espace complexe et multiforme : zone viticole au sud, rivière et zone naturelle « urbaine » à l’ouest, ville très dense et patrimoniale au nord. Les flux des visiteurs s’y mêlent à ceux des habitants, se concentrant très fortement dans certains lieux, se dilatant ailleurs. In fine c’est un mélange humain très singulier qui s’opère. Les touristes venus de l’autre hémisphère peuvent côtoyer des collégiens qui passent par la Cité pour rentrer chez eux après les cours. Des pêcheurs le long du bras de l’Aude voient passer des campings caristes qui logent au camping de la Cité. Les habitants qui jouent au boules sur le Prado se retrouvent à deux pas de la queue du petit train touristique….
Le trait principal des images de cet observatoire est donc de donner voix à la dimension humaine et vivante du paysage. Il ne s’agissait pas de réaliser des vues architecturales désincarnées. Ces usagers sont non seulement les touristes et les habitants, mais aussi les travailleurs qui animent la vie du site qui tient une place très importante dans l’économie locale. Les images montrent donc les commerçants, employés municipaux, guides conférenciers, animateurs, personnels des hôtels, conducteurs de train et de calèches touristiques…
G. Bonnel